Et si le vrai progrès, c'était de ralentir et de lâcher-prise ?
Je pourrais faire comme la plus part d'entre nous : installer une capsule dans une machine, appuyer sur le bouton et avoir mon café en dix secondes.
Mais j'ai choisi de faire différemment.
Le rituel du matin
Chaque matin, je mouds les grains dans un moulin manuel, je sens le parfum du café, je verse lentement l'eau chaude dessus, je regarde la vapeur s'élever et laisse l'arôme se répandre dans la pièce.
C'est un de mes premiers gestes conscients de la journée, comme une forme de méditation. Je ne cherche pas à "gagner du temps" je choisis simple de le vivre.
La lenteur n'est pas une perte d'efficacité. Ce rituel est une façon de reprendre possession de son temps. d'apprécier le processus autant que le résultat.
Ce que la terre m'a appris sur prendre son temps et lâcher prise.
Quand j'ai commencé la poterie, j'avais cette envie d'aller trop vite et de tout maitriser. Monter la terre vite et haut en appuyant fort, vouloir que la terre sèche trop vite ou alors enfourner des pièces qui n'avaient pas assez sécher...
Mais la terre n'obéit pas. Et si on la brusque, elle se déchire, se craque ou explose dans le four ; à chaque étape tout peut rater juste parce que l'on n'a pas assez pris le temps.
Il m'a fallu du temps pour comprendre qu'en poterie, comme dans la vie, plus on veut aller vite et plus on veut contrôler, et plus les choses nous échappent.
Laisser faire ne veut pas dire abandonner, c'est simplement faire confiance au processus.
Sous l'eau, on ne contrôle rien
J'ai trouvé cette même leçon dans une autre passion: la plongée sous-marine.
Sous l'eau, tout est différent : on ne peux pas maîtriser l'élément. On ne contrôle rien, mis à part sa "survie". L'environnement est magnifique, plus un bruit, la lumière diminue, une faune et une flore différente de la surface, il n'y a pas d'air pour respirer mis à part celui que l'on transporte. C'est un sentiment de vulnérabilité tellement fort qui en fait paniquer plus d'un. Mais pourtant, lorsque l'on accepte que l'on n'a aucun contrôle sur la situation, que l'on se concentre sur soi et ses besoins primaires, tout devient plus simple.
Je me rappelle encore aujourd'hui les premières fois où je suis allée plonger en pleine mer. Rien que de me voir si profond en dessous de la surface, avec l'idée que je ne pouvais pas remonter quand je le voulais, que je pouvais me retrouver loin du groupe sans que l'on puisse m'entendre appeler à l'aide... j'en ai encore des frissons. Et pourtant, j'adore la plongée aujourd'hui.
La plongée nous oblige à lâcher prise et d'accepter que la beauté n'existe qu'à condition d'abandonner le contrôle.
La beauté du chemin
Aujourd'hui, je ne cherche plus à aller vite ni à ce que tout soit parfait. Chaque geste, chaque erreur, chaque surprise fait partie du processus. C'est le chemin qui façonne ce que je crée et ce que je deviens.
Ralentir, observer, respirer : ce n'est pas perdre du temps, c'est enfin le retrouver.
Floryane, Créatrice de Kintara Ceramics



